Les âmes grises (2005)


Synopsis:
Dans une bourgade située à quelques kilomètres du front, par un matin de décembre 1917, la mort surgit sous les traits d’une enfant de huit ans, Belle de jour, fille d’un aubergiste de la région, trouvée assassinée, le corps flottant sur l’eau d’un petit canal. C’est donc une autre guerre que nous allons affronter, des conflits intérieurs qui brûlent les consciences aussi patiemment que le feu de la canonnade. À quelques mètres du lieu du crime, se trouve la demeure de Pierre-Ange Destinat, Procureur en retraite, veuf tout à la fois mystérieux et fascinant, ligoté par un chagrin interdit de parole et qui vit presque reclus du monde. Le juge Mierck, qui dirige l’enquête, est un homme qui fait peu de cas de la condition humaine. Seul l’assassinat l’intéresse. Détestant Destinat qui l’avait toujours considéré avec mépris, il tient peut-être cette fois l’occasion de se venger de lui.
Dans ce monde dominé par le poids de la guerre – que l’on ne voit jamais, mais que l’on entend sans cesse – par le va et vient des blessés sur les routes, par le clivage des classes sociales, par le poids des non-dits et des instincts les plus lâches, seuls les personnages féminins font figure d’astres lumineux: Lysia, jeune institutrice venue près du front quelques années plus tôt, et logée dans une dépendance de la demeure de Destinat, qui sera fasciné par cette femme pour des raisons mystérieuses seulement dévoilées à la fin du récit.
Clémence, la femme enceinte du policier associé à l’enquête et Joséphine, marchande de peau de lapins dont le témoignage sur le meurtre sera curieusement écarté.
Au fil du déroulement de l’intrigue, c’est toute une humanité qui se dévoile, dans toutes ses contradictions qui en font sa noirceur et sa lumière.
Qui a tué? La recherche de la vérité du crime est aussi hasardeuse que la vérité des hommes, qui ne se révèlent souvent jamais être ce qu’ils sont. Le juge Mierck à la recherche du coupable idéal, Destinat et son mutisme, un petit déserteur et son terrible secret, le policier modèle au destin entravé par sa propre vie privée, qui cache peut-être aussi un cadavre dans son placard. La guerre, juste à côté, donne au drame unique un écho constant. Sa présence-absence, posée comme une ombre face à ce meurtre inexplicable et aux situations qui en découlent pose la question de l’humain dans l’inhumain, et de l’inhumain dans l’humain. Les destins se consument un à un comme des chandelles bientôt éteintes.

Livre éponyme de Philippe Claudel
Le site officiel du film
Ressources pédagogiques

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